Tribune parue dans le journal l’Humanité le 20/12/2019
Il y a 160 ans naissait Louis Lazare Zamenhof à Bialystok, dans l’actuelle Pologne. 27 ans plus tard, il publiait le premier manuel posant les bases d’une nouvelle langue à vocation internationale : l’espéranto.
Pourquoi une nouvelle langue alors que nous en recensons déjà plus de 6 000 sur Terre ? Pour une raison simple : le territoire où vivait Zamenhof en 1887 regroupait plusieurs communautés de langues différentes (polonais, russe, allemand, yiddish) mais était occupé par la Russie tsariste, qui imposait alors sa loi et sa langue. La langue russe était utilisée comme un moyen de privilégier les Russes et d’inférioriser les autres communautés (administration, culture, éducation, entreprises,…). C’est ainsi que Zamenhof comprit que les langues ne sont pas seulement un moyen de communication, mais aussi un moyen de domination. Il se mit donc à réfléchir à une langue équitable, n’appartenant à aucune nation et donc ne privilégiant aucun peuple par rapport aux autres.
L’espéranto est également la langue la plus accessible au plus grand nombre. En effet, tous les pluriels sont réguliers, tous les verbes se conjuguent de la même manière, les mots s’écrivent comme ils se prononcent… L’espéranto s’apprend donc 10 fois plus rapidement que les autres langues. A tel point que Tolstoï prétendait même pouvoir le lire couramment après seulement 2 heures !
Si le problème de domination linguistique se pose naturellement au niveau mondial, c’est au niveau européen qui est le plus critique. En effet, les 24 langues officielles de l’Union européenne sont théoriquement placées sur un pied d’égalité. Mais dans les fais, l’anglais s’est imposé dans les institutions européennes. Et c’est maintenant aux citoyens européens que nos gouvernements veulent imposer l’anglais, et ce dès la maternelle !
Le problème est que les peuples européens n’ont pas été consultés sur cette question. Pourquoi devrions-nous parler anglais, alors qu’il serait beaucoup plus démocratique et équitable, et en même temps moins coûteux, de parler tous espéranto ? D’autant plus qu’après le Brexit, l’anglais ne sera plus la langue historique d’aucun pays membre. L’Union européenne utiliserait donc pour fonctionner une langue étrangère : la langue des Etats-Unis. Tant qu’à choisir une langue étrangère comme langue commune, pourquoi ne pas plutôt choisir le chinois, puisque c’est la langue la plus parlée au monde ?
Si l’usage d’une langue de communication commune semble nécessaire pour permettre l’émergence d’une démocratie européenne, le meilleur candidat pour ce rôle est sans conteste l’espéranto. Cette langue a déjà été reconnue par l’UNESCO et plusieurs autres organisations internationales : il ne reste plus qu’à l’accepter comme 25ème langue officielle de l’UE pour que de plus en plus d’Européens se mettent à l’apprendre et à l’utiliser.
Puisqu’il suffit de quelques mois pour l’apprendre assez bien (même via de simples cours sur Internet à raison de quelques heures par semaine), tous les Européens pourraient le parler couramment en quelques années et ainsi communiquer facilement avec leurs institutions, mais aussi faire émerger un véritable débat démocratique direct entre citoyens européens, qui pourraient ainsi prendre leur avenir en main !
Vincent Jacques - fondateur du mouvement Espéranto pour l'Europe
J'ai un peu de mal à comprendre la remarque de leviperesperanto.
Quand j'étais institituteur en école primaire, ne supportant pas qu'un élève me dise qu'il était nul en orthographe, je lui dictais une phrase en espéranto (sans lettres accentuées, sans lettres avec possible confusion, comme c/k, s/z) et à la fin de cette mini-dictée, je lui donnais toujours la note maximale, 10/10, car bien entendu, "ayant écrit ce que j'avais prononcé", il n'avait fait aucune erreur. Je concluais alors en lui disant : "Ne pense plus jamais que tu es nul, dis-toi simplement que tu es né dans un pays dont la langue est particulièrement difficile."
Gratulon! Atentu tamen pri erareto, kiun malmultaj rimarkos: en Esperanto, oni (feliĉe!) ne skribas la vortojn, kiel oni prononcas ilin, sed oni legas ilin, kiel oni skribas ilin.